Le 7 avril 2014 se tient en France l’Equal Pay Day. Rappelons son principe, il s’agit de compter le nombre de jours de plus pendant lesquels une femme doit travailler en plus à fonctions égales et à compétences égales, sur la base d’un an de travail masculin. En 2013, cette journée de l’égalité salariale, a été fêtée le 25 avril, preuve que les chiffres de l’INSEE, sur lesquels se basent le calcul de la date anniversaire de l’EPD, témoignent d’une amélioration de l’égalité salariale.
Pourtant, cette date reste au moins d’avril seulement, elle reste un triste anniversaire qui met en évidence le « gap » salarial qui perdure. À titre de comparaison, la Norvège et la Suisse l’ont fêtée l’an dernier les 5 et 7 mars 2013, preuve en est que même les pays les plus avancés en termes d’égalité ne le fêtent toujours pas le 1er janvier…
En France, le thème pour l’année 2014 est les femmes dans l’artisanat pour sa 6e édition, s’intéressant à la problématique de l’égalité salariale dans cette catégorie socioprofessionnelle, sous le haut patronage du Ministère de l’Artisanat et l’Assemblée Permanente de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat.
Voilà le mot de la Secrétaire Générale de BPW France, Laurence Petit-Desseint :
« S’intéresser à l’Artisanat, c’est prendre en compte un élément à part entière du tissu économique qui constitue un maillage déterminant tant en tant que savoir faire qu’en tant que nombre d’entreprises ,c’est aller au coeur de multiples domaines extrêmement riches et variés mais qui du fait de la taille des structures est peu considéré dans le discours dominant .
C’est donc donner la parole à une population qui l’a peu ou ne la prend pas et c’est explorer un champ qui ouvre sur des réflexions constructives dans notre démarche d’évolution.
La France est multiple et diverse donc la prendre en compte comme telle évite de globaliser à mauvais escient par manque de connaissance ou d’ouverture d’esprit. Aller vers pour être porteur d’une démarche d’ouverture et sortir du entre soi, voilà notre objectif afin que des perspectives d’évolutions s’ouvrent à toutes ».
Qu’est-ce que l’artisanat?
L’artisanat correspond à une structure de moins de 10 salariés, lorsqu’elle est enregistrée à la Chambre des métiers et de l’artisanat, premier secteur d’emploi en France. En revanche, une structure de plus de 10 salariés n’est pas reconnue comme faisant partie de l’artisanat, elle s’enregistre alors auprès de la Chambre du commerce et de l’industrie. La qualification artisanale correspond à un CAP + 3 ans d’expérience (sauf en coiffure , plus exigent). Cela représente plus de 250 métiers sur 4 secteurs : le bâtiment, les services, l’alimentation et la fabrication.
L’Artisanat,la première Entreprise de France
L’artisanat occupe une place prépondérante dans l’économie française. Il est le dépositaire de traditions anciennes, de techniques éprouvées, d’une culture qu’il enrichit et adapte au gré des évolutions de la société et des goûts de sa clientèle
31% des entreprises sont implantées en communes rurales
41% dans les unités urbaines de moins de 200 000 habitants
Quelle est le statut des femmes dans l’artisanat?
Il ne faut pas confondre les statuts d’artisane (féminin d’artisan selon le Larousse), qui est chef d’entreprise ou salariée, et femme d’artisan, qui est « conjointe collaboratrice » selon la loi.
Quelle est la place des femmes dans l’artisanat?
Elles représentent 23% des travailleurs de l’artisanat. La sexualisation de certains métiers existent encore (exemple : manutention), aujourd’hui la technicité permet de lever ce type de freins. Comme exemple de levier d’amélioration, le Conseil Régional propose une surprime par année d’apprentissage aux employeurs qui recrutent des apprenties femmes. AEROLIA a décidé l’augmentation du recrutement féminin par la voie de l’apprentissage, source de stabilité et habileté manuelle (selon les conclusions du dernier salon de l’aéronautique du Bourget).
La féminisation des noms de métiers
« … boulangère, vous avez dit boulangère… de qui parlez-vous:
– De l’artisane qui fabrique le pain ?
– De la femme du boulanger ? … »
Distinguer les femmes qui travaillent de leurs mains des femmes qui « secondent » leurs maris.
Distinguer la question symbolique de la question linguistique.
L’année 1984 voit la mise en place de la commission relative à la féminisation des noms de métiers, sous l’influence d’Yvette Roudy, dans le but de mettre fin à « l’invisibilité linguistique des femmes ».
Comment l’ONG BPW peut-elle agir?
– Par des actions sur l’ information, l’orientation,la formation et l’apprentissage pour obtenir un égal accès femme-homme à tous ces dispositifs
– Par des témoignages: quelles actions mises en oeuvre par les politiques locales?
– Par un retour sur les pratiques: quels outils pour faciliter l’intégration des femmes dans toutes les filières ?
– L’action de la Chambre Régionale et Départementale des métiers sur ce sujet
– Lever les stéréotypes et parfois la peur de l’échec des femmes dans ce domaine.
Cet état des lieux a été permis par le rapport « Equal Pay Day 2014 » publié le 25 janvier 2014 par le Bureau BPW France.