Le 8 janvier s’est tenue une manifestation à Toulouse devant le Consulat pour s’indigner de la réforme de la loi sur l’avortement en Espagne, qui, malgré la vive opposition tant nationale qu’internationale qu’elle a suscitée, a été approuvée par le gouvernement le 20 décembre 2013, et bientôt soumise au vote du Parlement.

Sont aussi attendues des manifestations à Lyon le samedi 11 janvier ainsi qu’à Paris le 1er Février.

Cette réforme constitue un recul tel que la plupart des femmes mais aussi des hommes se sentent concernés en Europe et à l’international sur ce qui constitue une des multiples dérives de la démocratie espagnole ces derniers mois. Le statut de la femme en est lourdement atteint, comme cela a été souvent le cas ces dernière années, un constat amer au regard des évolutions optimistes notées dans les années 1990 essentiellement.

L’avortement est une longue histoire juridique : le 17 janvier 1975 la loi Veil le légalise en France, ce qui est très précoce en Europe et dans le monde, même si la Suisse est le pays le plus précoce en 1942, ainsi que l’Angleterre avec la loi « Abortion Act » en 1967, mais il faut attendre 2010 pour un loi d’encadrement en Espagne, après de nombreux débats.

On remarque tout de même que ce droit est loin d’être acquis dans le monde : la plupart des pays d’Amérique du Sud, d’Afrique (excepté l’Afrique du Sud) ou du Moyen Orient mais aussi des pays d’Asie et d’Océanie considèrent l’avortement comme illégal ou légal en cas de viol seulement, pouvant aller jusqu’à des incriminations pénales très lourdes, accompagnées d’une infamie sociale sans nom. Même en Allemagne en 1971, un loi pénalisait les femmes avortées à cinq ans d’emprisonnement, il faudra attendre 1995 pour un encadrement légal.

Comme le montre ce tweet de l’Agence France Presse, une manifestante à Toulouse brandit une pancarte « Un enfant si je veux quand je veux ». https://twitter.com/afpfr/status/420949970997362688

Dans ce contexte, pourquoi la manifestation à Toulouse a-t-elle été si suivie? Les rapports culturels et sociaux entre le Sud Ouest de la France est l’Espagne ont été nombreux depuis la fin de la guerre civile espagnole en 1939, et une importante communauté d’origine ou de culture espagnole existe aujourd’hui, particulièrement à Toulouse et Montauban.

Voilà un article, issu du Parisien, relayant l’information sur la manifestation : http://www.leparisien.fr/toulouse-31000/manifestation-a-toulouse-contre-la-restriction-de-l-avortement-en-espagne-08-01-2014-3474099.php

Ainsi, il est intéressant de s’arrêter sur le recul de ce projet, s’il concerne dans un sens strict une restriction de l’IVG d’un encadrement général à un encadrement seulement en cas de maladie grave de l’enfant, dans un sens large il concerne l’atteinte à la vie privée de la femme, l’aliénant à son être physique, c’est-à-dire être une porteuse d’enfant. Et, s’il y a un principe cher à BPW, c’est encore et toujours que si la vie privée de la femme est discutée par la sphère publique, elle ne peut progresser dans celle-ci, elle en est l’otage, dont le bourreau lui dicte ce dont elle a droit, elle ne peut alors pas s’accomplir en termes personnels, et par conséquent en termes professionnels. L’indépendance des femmes ne peut aller qu’avec la reconnaissance d’une liberté à disposer de son corps, un des principes fondamentaux de notre démocratie.

Un photo de pancartes lors d’une manifestation en Espagne contre la réforme:
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